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Moi et les apps : entre fantasmes, fétiches et fragments d’humanité queer

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L’autre jour, on a discuté avec D. de mon rapport aux apps. Il n’a jamais vraiment été trop dessus et se demandait ce que mon mec et moi pouvions bien y faire. Du coup, ça m’a donné l’idée de faire un article sous forme d’interview, en demandant à un LLM de jouer le rôle du journaliste. Pour les rageux dans le fond, ça a tourné localement sur mon Mac 🫰🏻.

Salut Clawfire. Pour commencer simplement, est-ce que tu te souviens de ta toute première inscription sur une app de rencontre gay ? C’était laquelle, et qu’est-ce qui t’avait poussé à y aller ?

Oh wow. Je crois que c’était Gayvox. Je me souviens que, même pour l’époque, le design était très rudimentaire mais comme tout le monde était dessus. Et puis y avait pas de smartphone à l’époque, donc pas d’app toujours avec soi qui te titille avec des notifications instantannées. J’ai dû aller un peu sur GayRomeo aussi mais j’ai jamais accroché et mon profil a dû disparaître très rapidement. Je m’étais inscrit parce que je voulais pouvoir rencontrer plus facilement d’autres mecs gays dans le coin. J’habitais chez mes parents, dans une petite ville, et les opportunités de rencontres IRL étaient limitées.

C’est marrant comme Gayvox est une madeleine de Proust pour pas mal de mecs queer en France… Depuis, on est passé à des apps bien plus immédiates, visuelles, parfois brutales. Justement : aujourd’hui, quelles sont celles que tu utilises vraiment ? Et pourquoi celles-là ?

Aujourd’hui j’ai Recon, Scruff, Buddy, Sniffies si on parle d’app de rencontre à proprement parler. Sinon bah t’as Instagram aussi. En vrai 😁. Et puis t’as des trucs autour comme Fur Affinity, FetLife, Obedience ou JustForFan qui ne sont pas des apps de rencontre mais solidement ancrés dans l’univers queer / fetish je dirais.

Tu pourrais me dire ce que tu cherches quand tu ouvres l’une de ces apps ? Du sexe, de la tendresse, des potes, de la validation, du fun, de l’identité… un peu tout ça ?

  • Buddy : pour voir ce que le réseau valait, mais y a trop peu de monde dans le coin. Je l’ai gardé car il y a un agenda où je peux publier mes évènements. Comme c’est le genre de truc qui tend à disparaître, c’est pas négligeable.
  • Sniffies : le côté map avec des queues affichées dessus m’a amusé. Mais c’est trop instantané et impersonnel. C’est marrant pour explorer les environs IRL un peu chauds.
  • Instagram : petit côté “validation”. Ça fait toujours plaisir d’avoir des réactions positives, surtout quand t’es dans un moment de doute. J’utilise les stories pour partager des moments de vie avec des amis et les posts pour montrer des trucs plus personnels, comme des photos de moi ou de mes passions. C’est un peu comme un journal visuel. Très clairement, aujourd’hui, t’as beaucoup de mecs qui l’utilisent pour se draguer 😅.
  • Scruff : pour repérer les mecs dans une nouvelle ville. Un peu de drague, de l’intérêt, peut-être plus. C’est celle que j’utilise le plus.
  • Recon : comme Scruff mais fétiche. Moins pour les hookups, plus pour les échanges avec des mecs qui partagent des centres d’intérêt.

Tu parlais de fétiches : tu sens que ces apps t’ont aidé à mieux comprendre ou assumer tes propres désirs ?

Ça m’a permis de me sentir plus à l’aise avec ces désirs. Genre okay, je suis pas tout seul. C’est pas moi qui suis complètement pervers 😁. J’ai pu découvrir des communautés entières de personnes qui partagent ces centres d’intérêts, discuter avec plein de gens, découvrir de nouveaux trucs. Ça m’a permis de me sentir en confiance pour franchir le pas, tester, voir ce que j’aime. Surtout quand j’ai commencé à voir des mecs qui me ressemblaient physiquement et qui étaient aussi présents dans ces cercles. La représentativité, encore et toujours, c’est plus qu’important.

Tu dirais qu’il y a quand même une part de pression sur ces apps ? Genre une pression à performer, à être “dans le bon kink”, à avoir le bon corps, le bon rôle, la bonne attitude ?

Oh ouais. Je pense que les apps mettent une pression de dingue aux gens en général. Et ça a été le cas pour moi pendant un moment. La frontière entre validation et utiliser cela comme mètre étalon de ta désirabilité, de ta sexitude, pour valider toute ton existence en quelque sorte, elle est mince. Plein de gens se sentent frustrés à cause de cela et ça impacte négativement leur image d’eux-même à la fin. Moi, quand j’étais plus jeune, j’ai BEAUCOUP baisé pour me sentir “valide” genre … 3 digits a year. Pas assez de place sur le formulaire du questionnaire anonyme au CADG tu vois. rire. Mais au final, j’ai fini par dépasser cela en mode okay c’est pas cela qui mesure ma valeur. Depuis, mon rapport aux apps est vachement différent. Après, je dis cela, mais quand j’ai commencé à traîner sur des apps comme Recon ou FetLife j’avais de nouveau ce truc un peu mauvais de chercher uniquement à travers les autres de valider mon côté fétiche. Ça a pris du temps pour changer aussi.

Mais du coup aujourd’hui, avec ce recul, comment tu définirais ton rapport aux apps ? Tu les vois comme un outil utile ? Un piège ? Un miroir ? Un jeu ? Un peu tout à la fois ?

Pour moi ça n’est plus du tout un piège. Heureusement. Si un mec m’allume sur les apps et puis qu’au final, quand je suis par chez lui, il me calcule plus. I don’t care. C’est “le jeu” de ce genre de truc. Je comprends que je suis aussi un fantasme pour lui. Pas au sens il m’idolâtre mais au sens … je fais partie de tout un truc qu’il joue dans sa tête à ce moment-là quand il est sur l’app. Beaucoup de ce genre de choses ne se traduit jamais dans la vie IRL. Le meilleur exemple c’est le nombre de mecs qui te “woof” ou t’écrivent sur les apps quand t’es dans un évènement bear et qui te calculent pas IRL quand tu les croises, qui sont jamais dispo, etc. Faut pas t’en frustrer. Ça en dit plus sur eux et leur rapport aux apps que toi 🤷🏻‍♂️. Pour en revenir à ta question, c’est plus un jeu et un miroir peut-être. Un miroir aux alouettes pour beaucoup cependant. Mais plus pour moi 🙂.

Une dernière pour la route : si tu devais dire à ton toi plus jeune, celui qui ouvrait Gayvox pour la première fois, un truc à propos de ces apps… tu lui dirais quoi ?

Ouah c’est dur. J’ai pas l’impression d’avoir trop eu de mal avec les apps donc j’ai pas de GROS conseil de sage mais. Je pense que je lui dirais de pas s’en faire si des mecs lui répondent pas ou plus (ghosting, mais on appelait pas cela ainsi à l’époque, il ne comprendrait pas). Il faut prendre les choses comme elles viennent. Saisir les opportunités au vol. Et juste s’amuser. Faut pas prendre cela trop au sérieux.